À l’ère du numérique, le concept de mort numérique devient une problématique centrale, notamment concernant la gestion des données laissées sur les réseaux sociaux après le décès d’un utilisateur. Ces plateformes, devenues de véritables extensions de nos vies, posent des questions éthiques délicates et nécessitent un cadre législatif adéquat pour respecter la mémoire des défunts tout en prenant en compte les besoins des proches. Analysons comment les grands acteurs du web tels que Facebook, YouTube et TikTok font face à ces défis.
La politique de Facebook en matière de mort numérique #
Facebook a été l’un des premiers réseaux sociaux à prendre en compte l’aspect de la mort numérique de ses utilisateurs. Depuis 2015, il offre la possibilité de transformer un compte en profil commémoratif via la fonctionnalité de « contact légataire ». Cette option permet à une personne désignée par le défunt avant son décès de gérer partiellement le compte, en veillant à ce que ce dernier reste un lieu de recueillement. Toutefois, le légataire ne peut pas lire les messages privés, ajouter de nouveaux amis ou modifier les publications existantes, ce qui pose la question de l’accès et de la gestion complète des données numériques après le décès.
YouTube et le gestionnaire de compte inactif de Google #
Google, propriétaire de YouTube, aborde également cette problématique avec le « gestionnaire de compte inactif ». Cette fonction permet aux utilisateurs de Google, y compris ceux de YouTube, de décider à l’avance ce qu’il convient de faire de leurs données si leur compte reste inactif pendant une période prédéfinie. Il est possible de choisir la suppression totale des données ou de les transmettre à un tiers de confiance. Ce dispositif illustre une approche proactive, mais soulève des interrogations sur la sauvegarde du patrimoine numérique personnel et son impact potentiel sur la vie privée.
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TikTok et la gestion encore sommaire de la mort numérique #
Contrairement à Facebook et Google, TikTok n’a pas encore développé de système avancé pour gérer les comptes de ses utilisateurs décédés. Actuellement, la plateforme se limite à la possibilité de signaler le décès d’un utilisateur pour que son compte soit potentiellement désactivé. Cette approche moins développée peut paraître insuffisante face aux enjeux éthiques que représente la gestion des données post-mortem, surtout pour une plateforme dont l’audience est majoritairement jeune et peut-être moins consciente de ces considérations.
Le débat autour de la mort numérique sur les réseaux sociaux est loin d’être clos. Entre le droit à la mémoire et le droit à l’oubli, les législateurs et les géants du numérique continuent de chercher un équilibre pour traiter dignement le patrimoine numérique des personnes décédées tout en respectant les souhaits de leurs proches et les impératifs de confidentialité. Cela implique une évolution constante des politiques et des fonctions dédiées, pouvant varier significativement d’une plateforme à l’autre.